Après un pic exceptionnel lié à la période post-Covid, le marché du bricolage connaît une contraction marquée. En 2024, le recul atteint -6 %, ramenant le chiffre d’affaires à un peu plus de 39 milliards d’euros. Les prévisions pour 2025 s’annoncent encore en baisse (-2 %), avant une reprise timide à partir de 2026.
Cette tendance s’explique par un double effet : la baisse des transactions immobilières et un climat économique incertain incitant les ménages à épargner plutôt qu’investir dans l’aménagement. Autre frein : le gel du dispositif MaPrimeRénov’ pour les gros chantiers, qui prive les enseignes d’un levier majeur de croissance en matière de rénovation énergétique.
Une croissance modeste jusqu’en 2027
Les projections restent prudentes. Le franchissement du seuil des 40 milliards d’euros n’est envisagé qu’à l’horizon 2027. En cause, un contexte économique modéré : stagnation des revenus, consommation maîtrisée, redémarrage lent des ventes de logements. Pourtant, malgré cette conjoncture, le marché du bricolage conserve un socle solide, toujours supérieur à son niveau de 2019.
Deux modèles, une rentabilité à préserver
Le secteur repose principalement sur deux modèles économiques : les succursalistes comme Leroy Merlin, et les réseaux de commerçants indépendants tels que Mr Bricolage. Si les deux structures restent rentables, leurs marges sont sous pression, incitant à chercher de nouveaux leviers.
Digital, IA, proximité : les leviers activés par les enseignes
Pour s’adapter, les enseignes accélèrent leur transformation digitale. Le poids du e-commerce reste faible (moins de 6 %), mais les marketplaces se multiplient. Castorama a ouvert la sienne en 2024. Le retail media progresse aussi : Kingfisher et Adeo ont lancé leur propre régie publicitaire dès 2023.
L’intelligence artificielle s’invite également dans les points de vente. Elle permet d’optimiser les stocks, d’adapter les prix en temps réel, ou de fluidifier les parcours clients avec des chatbots. Cette évolution technologique devient un passage obligé pour améliorer la rentabilité et l’expérience client.
Proximité et BtoB : des relais de croissance à exploiter
Face à une demande urbaine croissante, les enseignes investissent dans des formats de proximité et dans de nouveaux services comme la location d’outillage ou la livraison rapide. Le marché BtoB, notamment auprès des artisans, constitue un autre levier. Screwfix (Kingfisher) incarne cette stratégie avec déjà une trentaine d’implantations en France début 2025.
Seconde main : un défi encore peu relevé
Dernier enjeu pour les réseaux : l’économie circulaire. Alors que les consommateurs adoptent de plus en plus l’occasion et les matériaux reconditionnés, les distributeurs traditionnels restent à la traîne. Repenser l’offre autour des surplus de chantier ou des matériaux de réemploi devient une piste crédible pour se différencier.
Dans ce contexte, les réseaux de bricolage doivent redoubler d’agilité. Pour les candidats à la franchise, les opportunités restent présentes, mais nécessitent une lecture fine des évolutions du secteur et une capacité à se positionner sur des formats innovants.